Pas de formule magique, de recette miracle ou de grââl en A4.
Le CV est un exercice où la forme doit servir le fond et non l’inverse.
Que ce soit pour un job ou l’âme soeur, nous sommes tous à un moment donné sur le marché.
Se mettre à la place de la demande et déployer quelques fondamentaux du marketing seraient donc plutôt une bonne idée.
Le new age du numérique vulgarise les outils de création, de production de contenu et de publication sur le web ou le papier.
Chacun peut ainsi se mettre en scène en video, photo, 3D, se poster, se publier, se podcaster, se photoshoper,
Bref ! Se mettre en valeur sous toutes les coutures via des applications et des outils en ligne ludiques et accessibles à tous.
Einstein disait : Rendez les choses aussi simples que possible, mais pas simplistes
En terme de Personal Branding (construction de sa marque personnelle), le CV est un pilier.
Je constate pour ma part un phénomène sismique, une sorte de dichotomie graphique vers deux extrêmes : le CV ringard, enfanté dans la douleur sous Word 7 et le CV ‘high-up-flat tendance’ tellement conceptuel et design qu’il donne le vertige et rend perplexe son destinataire.
Exemples de CV : à moins de postuler pour être designer packaging.. …pas facile à mettre sur la pile.
La caricature est poussée certes mais pas si loin de la réalité.
Je peux en attester après les nombreux étudiants et clients que j’accompagne depuis des années.
Les recettes miracles sur le nec du CV pullulent.
L’accroche qui fait tilt, la photo (ou pas), à l’italienne, 1 ou 2 pages, les avis convergent et divergent au grès des modes, des gourous et des experts auto-proclamés,
Les recruteurs subissent ainsi ces vents d’hystérie graphique.
A chaque annonce, ils voient débouler par vague des CV packagés comme des paquets de lessive, ronds, carrés, à déplier, en relief, dans une boite, gonflables, odorants, sur une tong, en affiche, en vidéo, ‘scénarisé’.
Certes un peu d’originalité est de mise (cf plus loin), je le répète à ceux qui me demande conseil en Personal Branding et en coaching de transition.
Toutefois, comme dans toute action de communication, un principe s’impose :
Rester lisible, synthétique et évident dans le fond,
agréable, aéré et fluide dans la forme.
Il me semble essentiel de rappeler la vocation du sacro saint ‘résumé’ (comme disent les yankees).
Sortir du lot, sans pour ça en faire des tonnes.
le CV est une action de marketing.
C’est à dire qu’il est la réponse à un besoin, une demande, une attente (insight) exprimés par un client : le recruteur. (DRH, patron d’entreprise, cabinet ou autre.)
On appelle bien cela : le marché du travail.
La rencontre d’une offre (mon profil traduit par mon CV) et d‘une demande (exprimée par le recruteur-client).
Il serait donc logique et ma foi judicieux d’appliquer quelques techniques de base du marketing afin d’optimiser cette fameuse rencontre entre l’offre et la demande.
Voyons ces transferts.
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l’argumentaire de vente rationnel
Il s’agit de mes fonctionnalités, mes ‘caractéristiques’. Je sais faire ceci, cela et aussi cela.
Les compétences techniques, fonctionnelles, opérationnelles qui font qu’un comptable sait obligatoirement faire des rapprochements bancaires et qu’un commercial sait négocier.
Mais alors est-il besoin de le dire ?
Cela revient à demander à une secrétaire si elle sait utiliser un traitement de texte.
En revanche, maitriser
– le contrôle de gestion pour un comptable,
– le web marketing pour un commercial
– ou les croisés dynamiques pour une secrétaire
sont des compétences proches de la fonction mais spécifiques, à forte valeur ajoutée, donc différenciantes.
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la différenciation
Le levier marketing hautement essentiel pour exister au sein de la concurrence épaisse et féroce.
Qu’est ce qui peut différencier mon CV de comptable, commercial ou secrétaire d’un autre ?
Quel est mon positionnement ?
L’objectif est de faire ressortir les éléments, actions ou compétences qui sortent du 20/80 de la fonction (c-à-d ce qui normalement attendu pour un poste).
Les ‘plus’ qui donnent un relief unique à mon profil.
Pas simple d’extraire et de formaliser dans un langage professionnel, sous forme de mots clefs, ces micro-compétences supplémentaires.
Elles sont pourtant efficaces car elles font émerger un CV de la masse.
Elles le différencient.
Le CV est un conte de faits. Pierre Dac
Le poste ‘divers’, ou centres d’intérêt souvent bâclé revêt aussi cette fonction.
Ainsi exprimer un intérêt pour le cinéma, les voyages ou la lecture n’en présente aucun pour le recruteur-client car c’est le cas pour la majorité des CV, ce qu’on et quand on ne sait pas quoi mettre.
Ca ne mange pas de pain.
A contrario, se déclarer
– fan de Stanley Kubrick ou ‘afficionado’ du cinéma latino-américain,
– randonneur du GR 20 ou expert de l’Ecosse,
– lecteur inconditionnel de science fiction soviétique ou de biographies
a nettement plus de chance de marquer l’esprit du recruteur-client, donc de laisser une empreinte, différenciante.
Profil de commerciale, mais de multiples compétences et talents en option pas toujours identifiées et révélées. Dommage.
Ce qui attire, et fait vendre, ce sont les options ajoutées au modèle de base.
Tout comme les micro-conversions amènent l’internaute à poursuivre et conclure positivement sa visite sur un site internet (macro conversion)
Les compétences marginales, celles qui débordent des compétences implicites du poste, sont des éléments distinctifs et valorisants qui retiennent l’attention du recruteur-client.
L’on pourrait aisément faire l’analogie avec le concept de longue traine : identifier et mettre en avant des atouts au delà des 20% de la loi de Pareto.
Ces petits bonus, ces micro compétences au delà ce celle recherchées optimisent le transfert de la pile de CV à la short list.
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Les attentes
L’insight du recruteur-client est d’abord de cocher les cases compétences d’un profil : les 20 % des critères qui couvrent les 80% du contenu du poste.
En 2017, numérique oblige, tout fonctionne par mots-clefs.
Autant alors répondre à ce process en nourrissant mon profil de mots-clefs professionnels cohérents avec la fonction :
– phoning sortant – prospection BtoB, pour un commercial
– SIG – facturation pour un comptable
– organisation et prise de notes pour une secrétaire
Faciliter le travail de la ‘demande’ (recruteur-client) en clarifiant l’offre (mon CV).
Le recruteur-client qui épluchent des dizaines de CV m’en sera reconnaissant d’une part.
Outre mes compétences basiques, il déduira ma faculté de synthèse et mon sens de l’efficacité (en voilà 2 jolies micro compétences :-)
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la promesse
L’argumentaire subjectif : j’ai identifié et coché les cases des compétences clefs de mon métier, autrement dit les arguments rationnels.
Je suis à 50 % du processus de conversion : obtenir un entretien.
Il est temps de penser à mes arguments subjectifs.
Un CV doit être comme la robe d’une jolie femme. Assez long pour couvrir l’essentiel, assez court pour rester intéressant. Pierre Dac
Tout comme les entreprises développent une identité de marque, je construis la mienne.
Je revendique des valeurs, des qualités personnelles, des facultés qui font partie de moi, qui me définissent en tant que personne, pas en tant que commercial ou secrétaire.
Apple revendique l’innovation avec son slogan ‘Think différent’,
Nike inspire le challenge et la confiance en soi avec ‘Just to it’.
C’est ainsi que je peux être : astucieuse, perspicace, ingénieuse, loyale, enjouée, pro-active…
Que dit-on de moi ? Je me vois comment ?
Se connaitre, c’est mieux savoir se vendre.
Un travail d’introspection est nécessaire à ce stade pour définir ma promesse, en toute sincérité et authenticité.
La différenciation passe aussi par la promesse.
Nous sommes tous à peu prés ‘sociables’ (les psycopathes ignorent qu’ils le sont de toute façon), généralement « curieux », indubitablement « organisés » et immanquablement « rigoureux ».
Certes, mais ces adjectifs s’ils sont vrais, demeurent épouvantablement mainstream, ils ont perdu de leur force.
Alors, je pioche allègrement dans le dictionnaire des synonymes pour dénicher des qualificatifs plus choisis.
Ainsi, affable, apprenant, structuré, ou minutieux auront le double mérite de servir ma promesse et de sortir de l’ordinaire, donc de retenir l’attention en me différenciant.
Aujourd’hui, à l’ère de l’individu, vous devez être votre propre marque. Tom Peters
La promesse, en marketing, est ce que je revendique en dehors des arguments rationnels.
Ce que j’inspire, ce qui m’anime, ce que les autres disent de moi, mon éthique, mes qualités principales. Les lignes de force de ma personnalité qui servent bien évidemment aussi mon métier.
Je mets personnellement en avant pour ma part mes qualités ‘créatives et opérationnelles’.
Le clamer c’est bien, le démontrer c’est mieux.
Des impressions subliminales émanent à la lecture d’un CV.
La construction, les mots, la mise en page, les couleurs, la typo, la photo sont des éléments de preuve à décharge,… ou à charge.
En effet, déclarer des ‘qualités rédactionnelles’ et joindre une lettre de motivation ronflante, copiée-collée d’un site has-been, ou épouvantablement soporifique ne sert pas le produit (c’est-à-dire : moi)
De même, s’annoncer ‘précis’ ou ‘consciencieux » et joindre un CV peu structuré, aux marges non alignées, sans titre, sans paragraphes identifiables donne un profil ‘brouillon’ dans la perception immédiate.
Une photo posée, froide et distante alors que j’affirme une promesse d’enthousiasme et des qualités relationnelles.
Tout cela est peu crédible.
Fondée ou pas, la sensation immédiate contredit la promesse de rigueur dans le premier cas et de jovialité dans le second.
Cette dissonance cognitive est pénalisante.
Elle perturbe le recruteur-client et ne le rassure pas sur l’authenticité de mon profil.
Et comme ce n’est pas le choix qui manque, il ira sans doute chercher ailleurs un CV plus cohérent dans son fond et sa forme.
Humour mal placé et imprécisions cachées par des artifices graphiques brouille la grille de lecture du recruteur-client.
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la photo
Le débat fait rage, elle est jugée discriminante, réductrice, stigmatisante …
Curieusement, alors que les générations de fin d’alphabet s’étalent largement en selfie sur les réseaux sociaux, une frilosité épidermique s’empare soudainement du candidat dés qu’il s’agit de s’afficher sur sa fiche produit (le CV).
Beaucoup trop de candidats se cachent derrière leur CV au lieu d’en faire leur lumière. Pierre Dac
- Deux raisons pourtant rendent la photo indispensable, à mon sens.
Une annonce avec photo reçoit 7 fois plus de visites qu’une sans photo (sur Le Bon Coin).
L’objectif de conversion est bien l’obtention d’un entretien.
Notre cerveau aime les images, c’est pourquoi nous les recherchons. (voir cette infographie, qui explique pourquoi entre autre….nous préférons les infographies :)
Susciter l’empathie avec un visage, un vrai sourire authentique (celui de Duchenne) est une chance d’initier du lien avec le recruteur-client, de communiquer positivement de façon non-verbale, d’établir un premier contact favorable à l’obtention d’un rendez-vous.
Savoir qui il va rencontrer le rassure également.Le sourire de Duchenne de Paul Ekman, psychologue américain, père de la classification des émotions universelles. - La construction de son image personnelle ne peut se passer d’une image.
La personne morale associe un logo à un nom de marque.
La personne physique associe une photo à une identité.
Pas de bonne photo ?
Je fais appel à un photographe ou je détoure et retouche (ou le fait faire) la qualité d’une photo sur laquelle je m’aime bien, qui me correspond.
Petit conseil : préférer le noir et blanc, plus chic, flatteur et moins sensible à la qualité incertaine d’un écran ou d’une imprimante.
En résumé :
- la demande/besoin : recruteur-client.
Des algorithmes pointent les compétences mots-clefs recherchées mais c’est un humain qui recrute. Se mettre à sa place et se demander : qu’est ce que je penserais de moi si j’étais à sa place ? - l’offre : le candidat.
Mon CV, mon profil. Etre professionnel dans tous les aspects et supports qui me présentent : propres, lisibles, clairs - l’argument rationnel : mes caractéristiques par mots clefs, le 20/80 des compétences de la fonction.
Elle sont attendues et confirment mon adéquation fonctionnelle au poste proposé par le recruteur-client. - la différenciation : mes compétences 80/20 + des arguments subjectifs pour répondre aux attentes,
Ce que je sais faire de plus que le comptable, commercial ou secrétaire de base.
Le ‘gain marginal’ que je suis à même de proposer, mes qualités de ‘longue traine’, - Les attentes : le recruteur-client recherche parmi l’offre du marché un besoin précis.
J’y répond de la meilleure façon, l’objectif de conversion du CV (qui est ma fiche produit) est de déclencher un entretien. - la promesse, les arguments subjectifs : mes valeurs, ma promesse, mes principales qualités personnelles.
L’aspect émotionnel de ma communication.
Ce que j’éveille dans le système limbique du recruteur-client. La première impression, ma personnalité, mes traits de caractères qu’il devine. A développer plus largement dans la lettre de motivation.
A compétences opérationnelles égales (celles-ci peuvent s’apprendre), 80% de ce qui recherché par le recruteur-client sont les qualités humaines, car elles ne peuvent s’apprendre. - les preuves explicites : lien vers un blog, book, article, compte réseau social ‘professionnel’,
- les preuves implicites : mon CV reflète dans le fond et la forme les qualités personnelles que j’avance, je soigne la consonance cognitive.
- La photo : pour créer du lien, de l’empathie et construire ma marque personnelle.
Attention donc aux sirènes des tendances.
Si je suis designer ou graphiste, mon CV doit démontrer mes compétences créatives et ma maitrise des outils infographiques.
Si je suis Gestionnaire de Paie, responsable Qualité ou Manager Business Unit, pas de franfreluches graphiques ou de mise en page neo-Bauhaus :
répondre à la demande du client (recruteur) de façon synthétique, précise et agréable prouve que j’ai compris son besoin et que je suis la meilleure réponse à ses attentes.
On n’a pas encore inventé mieux.
Votre CV est il job-friendly ?
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Cécile Delbousquet
(Fan inconditionnelle de Pierre Dac.)